Mon art questionne le corps comme façonnage sociale et identitaire.
En tant que femme noire, c’est tout d’abord à travers le cheveu « grennen » (dit crépu en créole) que j’aborde ce vaste sujet. Je puise mon inspiration de mon histoire personnelle, de mes souvenirs d’enfance et de mes observations du corps féminin. Considéré comme laid, synonyme de désordre, le cheveu « grennen » est une grande problématique en Martinique. Ce cheveu qui tient « naturellement debout » constitue pour moi le canon esthétique noir par excellence. Des notions telles que la norme, les canons esthétiques ainsi que l’identité sont importantes dans mon art.
Le cheveu « grennen » devient une source d’imaginaire, une matière graphique et sculpturale, ainsi qu’une représentation du corps. Des corps en déplacement, bouillonnants, faits de lignes entrelacées surgissent de la feuille. Dans ma pratique sculpturale, les coiffures créées deviennent des corps autonomes, sensuels, colorés ; des créatures imaginaires affublées d’accessoires féminins.
Ainsi je mets en avant de manière sensible ce qui me touche dans cette société martiniquaise dans laquelle j’évolue à travers le dessin, la sculpture et la gravure. Je convoque l’imaginaire du spectateur sur ce corps mystérieux, étrange, grotesque, exubérant, sensuel voir érotique.
Surpasser la réalité pour atteindre une représentation poétique et singulière du corps est l’essence de ma création.